Thème
Les troubles anxieux
Les troubles anxieux, avec un taux de prévalence de 28,8% au cours de la vie, figurent parmi les plus nombreuses raisons de consultations en pédopsychiatrie; le tiers des enfants ou adolescents vivront un épisode d’anxiété. Les troubles anxieux regroupent des troubles ayant comme caractéristiques communes une peur et une anxiété excessive avec perturbations comportementales associées. La plupart des troubles anxieux débutent tôt dans le développement de l’enfant avec un âge médian de 12 ans. Si la peur est une réponse adéquate et adaptative face à la menace imminente réelle ou perçue comme tel (dont les manifestations correspondent à des périodes du développement normal chez la plupart des enfants dans toutes les cultures), la persistance et l’ampleur de ces peurs signent au contraire la naissance d’un trouble anxieux correspondant à une anticipation excessive d’une menace future.
Apparition des formes d’anxiété
L’anxiété de séparation apparaît la première, suivie du mutisme sélectif et des phobies spécifiques ; l’anxiété sociale (dont l’anxiété de performance) et l’anxiété généralisée émergent généralement plus tard, vers 11-12 ans.
Description des principales formes d’anxiété chez les jeunes
L’anxiété sociale ou la phobie sociale se définit entre autres par une peur ou anxiété intense face à une ou plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui ; chez les enfants, l’anxiété doit apparaître en présence d’autres enfants et pas uniquement dans les interactions avec les adultes. Les enfants qui présentent un tel trouble se plaignent souvent de symptômes somatiques (maux de ventre, de tête, de cœur…). L’adolescent peut attirer l’attention des parents sur ses problèmes physiques et justifier ainsi des consultations médicales et un absentéisme scolaire avec ses conséquences désastreuses sur la performance scolaire et finalement pour l’estime de soi, créant ainsi un véritable cercle vicieux. Le trouble d’anxiété généralisée, se manifeste par une anxiété ou un souci excessif (particulièrement pour les performances scolaires dites anxiété de performance) et une difficulté à contrôler cette préoccupation (malgré les réassurances des adultes). On peut observer chez les enfants ou adolescents de l’agitation ou la sensation d’être survolté ou à bout, une fatigabilité, une difficulté de concentration, de l’irritabilité, une tension musculaire ou la perturbation du sommeil. La fatigabilité peut donner le change pour un manque de motivation face aux études alors que l’enfant est obnubilé par ses résultats.
Considérations neuroanatomiques
Les recherches sur les troubles anxieux se sont multipliées avec le développement des techniques d’imagerie cérébrale. Ces recherches démontrent le rôle crucial de l’amygdale, du cortex cingulaire antérieur, et la participation des gyrus frontal droit et temporal gauche, et de la région médiane du cortex préfrontal impliqués dans l’une ou l’autre forme des troubles anxieux. La trajectoire développementale de l’amygdale et du cortex préfrontal est consistante avec cette idée d’un déséquilibre entre la production de comportements de peur et les systèmes de régulation de la peur. L’amygdale est fonctionnelle tôt dans le développement, c’est-à-dire dès la naissance. Des lésions survenant tôt ou au contraire plus tardivement ont des conséquences bien différentes.
Conséquences neuropsychologiques des troubles anxieux
On identifie des déficits cognitifs dans les troubles anxieux. Ces déficits peuvent en soi représenter des symptômes du trouble anxieux, comme ils peuvent en être la cause ou la conséquence. Ces dysfonctions cognitives sont souvent rapportées par les sujets anxieux eux même. Toutes ces dysfonctions peuvent contribuer à maintenir ou à aggraver le trouble anxieux. Les résultats des recherches sont cependant hétérogènes, parfois même contradictoires; de plus, comme ces déficits ne sont pas nécessairement rencontrés dans tous les types de troubles, ni chez tous les sujets souffrant de ces troubles, l’évaluation neuropsychologique permet de mettre en exergue ces déficits le cas échéant et d’identifier les meilleures stratégies de compensation face à ces déficits afin d’alléger la détresse déjà trop importante que vivent les patients atteints de ces troubles. Une telle évaluation peut également être indicative du pronostic du traitement. On commence à peine à déceler des profils neuropsychologiques particuliers qui permettraient éventuellement de distinguer les différents types de troubles anxieux. Quatre fonctions ont spécialement été mises en relation avec ces troubles : 1) les fonctions exécutives (atteinte des processus attentionnels); 2) la mémoire (de travail, épisodique et autobiographique); 3) la cognition, (pensée, croyances inadaptées); et 4) la métacognition (pensées ou croyances au sujet de ses propres pensées ou croyances).
Avoir une plus grande attention vis-à-vis de situations menaçantes est habituel chez tout individu mais est démesurément exacerbé chez les enfants souffrant d’un trouble anxieux. En fait, un biais attentionnel est observé dans plusieurs troubles anxieux: soit une facilitation de l’attention, c’est-à-dire les stimuli menaçants sont perçus plus rapidement que les stimuli neutres; soit une difficulté à désengager l’attention ailleurs que sur le stimulus menaçant; soit un évitement, c’est-à-dire que l’attention est dirigée ailleurs que vers le stimulus menaçant.
Des déficits mnésiques sont reconnus depuis longtemps dans les troubles anxieux. Il est cependant difficile de circonscrire avec précision le type de déficits mnésiques particuliers que peut engendrer un trouble anxieux spécifique. Voir les déficits mnésiques les plus généralement reconnus chez patients anxieux.
La cognition comme la métacognition ont intéressé les chercheurs en neuropsychologie; la première réfère aux pensées et aux croyances alors que la second en réfère aux pensées et aux croyances au sujet de ces pensées et de ces croyances. L’intolérance à l’incertitude ou à l’ambiguïté est certainement l’un des déficits cognitifs le plus souvent rapporté dans les troubles anxieux parce que les sujets anxieux interpréteraient l’ambigüité comme menaçante; cette intolérance serait plus élevée dans l’anxiété sociale et dans l’anxiété généralisée.
Les déficits métacognitifs ont été décrits dans les études portant sur les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et les troubles de stress post traumatique (TSPT). Chez les TOCL ils concernent leur perte de confiance face à leur propre processus mnésique en cours de vérification. La vérification a pour but de valider l’exactitude de la mise en mémoire, mais elle réduit la confiance en ses propres capacités mnésiques et conduit à une nouvelle vérification pour avoir un meilleur contrôle. Dans le TSPT, les croyances au sujet de la prégnance du souvenir traumatique prédiraient la gravité des symptômes tandis que la distorsion du souvenir souvent rapportée dans le TSPT ne la prédirait pas. Les déficits cognitifs peuvent éventuellement exacerber les symptômes anxieux, perturber les mécanismes d’adaptation et éventuellement entrainer d’autres difficultés dans le fonctionnement quotidien.
Formations en lien avec les troubles anxieux
Le Centre de formation offre plusieurs formations pour apprendre à reconnaître les symptômes des troubles anxieux et identifier l’enfant anxieux, pour mieux comprendre les origines et les conséquences de ce trouble (comportements désagréables pour l’entourage, déficits d’habiletés sociales, victimisation, isolement et évitement…) pour intervenir auprès du parent et/ou de l’enfant anxieux. Parce que certains troubles du développement sont intimement liés à des manifestations de troubles anxieux et parfois confondus avec ceux-ci ou inversement, une journée de formation est consacrée aux manifestations d’anxiété qu’on retrouve dans des populations d’enfants ayant un syndrome neurodéveloppemental (syndrome de dysfonction non-verbal, trouble du spectre de l’autisme et syndromes dysphasiques, trouble obsessionnel-compulsif, syndrome de Tourette, TDAH). Une intervention selon le modèle comportemental, sur le bien-être physique, auprès des proches fait également partie des formations. Une formation visant à mieux comprendre les mécanismes sous-jacents de la lecture et de l’anxiété est également offerte; les modèles communs sont abordés et discutés; les cas cliniques soumis par les participants sont discutés en groupe avec la formatrice, Noémie Hébert-Lalonde, neuropsychologue, ainsi qu’avec Annie Lussier, formatrice et orthopédagogue; des outils pédagogiques spécifiques seront proposés aux participants. Une autre formation vise à dépister et reconnaître les symptômes anxieux chez l’enfant et l’adolescent souffrant d’un mal envahissant que l’on ne voit pas toujours et à faire la différence entre l’anxiété et le trouble anxieux; les outils comportementaux ayant fait leur preuve sont explorés, tout comme les interventions pharmacologiques.
Les formations reliées
- Inscription – Symposium 2025 – Santé mentale chez les jeunes
- 106. Réagir face à la détresse psychologique des élèves
- 108. L’évaluation diagnostique: différentiel, comorbidités et symptômes transdiagnostiques
- 120. Recommandations et formules gagnantes: pratiques pour une collaboration fructueuse avec les milieux scolaires
- 203. L’anxiété des jeunes enfants