Thème
Trouble du spectre de l’autisme (TSA)
L’autisme a été décrit pour la première fois par Kanner en 1943. La description qu’il en faisait se rapportait à des anomalies développementales précoces, que l’auteur avait observées sur onze de ses patients: incapacité à développer des relations avec les autres, retard d’acquisition du langage, utilisation non fonctionnelle du langage, activités de jeux répétitives, besoin d’immuabilité de l’environnement, manque d’imagination et bonne mémoire par cœur. Asperger, un médecin autrichien avait de son côté identifié un groupe d’enfants plus âgés et d’adolescents, dont la difficulté principale lui paraissait une imperception des normes informelles de l’environnement social. La difficulté de bien cerner la sémiologie propre aux Asperger pour les distinguer des autistes de haut niveau, a amené les professionnels à les regrouper sous une même entité clinique appelée le trouble du spectre de l’autisme (TSA) dans le DSM-5.
Épidémiologie
Le diagnostic d’autisme, dont la prévalence était d’environ 0,05% à la fin des années 90 chez nos voisins européens, n’a cessé de croître, il se situe maintenant à 0,36%. L’autisme toucherait quatre à cinq fois plus de garçons que de filles. Au Québec, depuis quelques années, on assiste également à une augmentation de diagnostics du trouble du spectre de l’autisme (TSA) : en 5 ans, soit entre 2005 et 2011, le nombre d’élèves autistes scolarisés dans le secteur public a doublé; en 2014-15, il y avait au Québec près de 17 000 personnes âgées de 1 à 17 ans diagnostiqués avec un TSA, la prévalence atteignant jusqu’à 1,8 % selon la région chez les personnes âgées de 4 à 17 ans.
Symptomatologie
Dans le TSA, on observe:
- une altération qualitative de la communication et des interactions sociales, s’exprimant tant par des comportements verbaux et non verbaux inappropriés que par un manque de réciprocité sociale ou émotionnelle;
- un caractère répétitif et stéréotypé des comportements, des intérêts et des activités ; on ajoute à ce domaine un sous-critère soit les particularités sensorielles des enfants (l’hyper ou l’hypo réactivité sensorielle).
- Déficits de réciprocité socioémotionnelle : une indifférence parfois accompagnée d’un évitement du contact physique domine; même s’ils présentent des déficits dans les capacités de réception et d’expression (la base de l’interaction) on peut observer des réactions excessives d’agrippement; des maladresse s’observent dans le contenu des conversations; les questions ouvertes [à développement] sont plus difficiles à saisir que les questions fermées [oui/non], puisqu’elles nécessitent de se mettre à la place de l’autre pour anticiper ce que l’interlocuteur veut savoir.
- Atteinte de la communication non verbale : le contact visuel est absent durant les échanges avec son interlocuteur; le pointage du doigt vers un objet ou un aliment convoité reste pratiquement inexistante pendant des années; l’attention conjointe, est déficitaire; les gestes descriptifs ou qui accentuent le message sont difficiles à saisir; comprendre les gestes à connotation sociale demeure étrange; l’enfant autiste parait souvent insensible aux souffrances physiques des autres et des siennes.
- Difficulté à développer, maintenir et comprendre les relations sociales : on observe l’absence des comportements d’anticipation, (ne tend pas les bras pour se faire prendre et n’ajuste pas sa posture une fois pris dans les bras). Le décodage des intentions et des pensées des autres pour ajuster son comportement en fonction de l’autre reste difficile face à la complexification des attentes sociales.
- Comportements répétitifs et stéréotypies: le maniérisme des mains, le sautillement, le tournoiement, des postures étranges sont observés chez les TSA. Doués d’une excellente mémoire auditive, ils peuvent rapporter mot à mot de longs passages qu’ils ont mémorisés à partir de conversations ou de films visionnés antérieurement, ce qui correspond à une « stéréotypie du langage.
- Routines et rituels : une grande intolérance face à tout changement et une ritualisation des situations (modification des trajets ou des séquences) entrainent de fortes réactions émotionnelles.
- Intérêts restreints limités ou atypiques: ils ont peu d’intérêt pour les jeux de faire semblant mais développent des intérêts atypiques (e.g. livres encyclopédiques) qui occupe leur emploi du temps au détriment des autres aspects de leur vie.
- Hyper ou hypo réactivité à des stimuli sensoriels ou intérêts sensoriels inhabituels. le caractère hypersélectif de leur attention et leurs comportements d’hypo ou d’hyperréactivité face aux stimulations extérieures expliquent leurs réactions aversives (aux fortes odeurs, aux bruits, aux sons aigus, à être touchés, aux textures…)
- Perturbations dans l’acquisition de la motricité fine et globale : en motricité fine, les deux mains tardent à se coordonner, ce qui n’empêche pas certains sujets de réaliser des manipulations fines d’une rare précision; en motricité globale, on note un ralentissement et des difficultés de démarrage du geste.
Plusieurs formations sont offertes pour le TSA
- Entrevue clinique du diagnostic du TSA: Cette formation sert de guide dans la recherche des symptômes de l’autisme à partir d’un entretien-parent (ou d’une personne qui s’occupe de l’enfant). Deux grands domaines fonctionnels sont évalués durant la rencontre, soit la communication socio-émotionnelle et les comportements restreints et répétitifs. La formatrice explique aux participants les différents comportements à examiner en proposant de nombreux exemples de questions et de réponses attendues. L’autisme partage plusieurs similarités avec d’autres troubles neurodéveloppementaux. Le participant a l’occasion de connaître des indicateurs cliniques qui leur permettent de mieux établir un diagnostic différentiel.
- Dépistage et défi diagnostic du TSA : Dans le contexte de la loi 21, donnant notamment le droit aux psychologues de poser un diagnostic d’un Trouble du spectre de l’autisme (TSA), et dans celui où l’on voit les taux de prévalence monter en flèche, la question difficile du diagnostic d’un TSA est abordée. Au cours de cette présentation, les critères diagnostiques actuels, la présentation clinique du TSA et ses transformations développementales, les outils qu’il est possible d’utiliser et le profil cognitif généralement associé sont revus. Au moyen de vignettes cliniques, la question du diagnostic différentiel est exposée.
- Enseignement structuré TSA : cette formation invite le participant à adapter avec précision les structures de temps, d’horaires, de calendriers, etc., selon les besoins individuels de chaque personne présentant un TSA. Le participant apprend à planifier des moyens efficaces pour enseigner ces outils d’orientation temporels et les faire évoluer. L’enseignement structuré propose des moyens concrets qui ont fait leur preuve.
- Intégration des enfants autistes en milieu de garde : pour un tout-petit, le milieu de garde offre la première opportunité de s’intégrer dans la société hors du cercle familiale. Le profil atypique de l’enfant TSA impose une attention toute particulière afin de faciliter le maintien de l’enfant dans son environnement d’accueil et l’aider à développer ses capacités pour tirer le meilleur profit. À l’issue de cette formation le participant est en mesure de faire le point sur la situation de l’enfant dans son milieu de garde. L’accent est mis sur les champs d’intervention les plus importants, soit la gestion des aversions et passions, les moyens pour favoriser le développement de la communication, de la socialisation et des compétences de jeu, ainsi que les défis de la vie quotidienne. Cette formation peut aussi convenir aux personnes qui intègrent les enfants TSA à la maternelle en milieu scolaire.
- La formation sur les outils d’évaluation du TSA peuvent également être offert au Centre de formation : l’ADOS (Autism Diagnostic Observation Schedule), l’ADI (Autism Diagnostic Interview-Revised), le PEP3 (Psycho Educational Profile) et le TEACCH (Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children).
Les formations reliées
- Inscription – Symposium 2025 – Santé mentale chez les jeunes
- 101. Interprétation du WISC-V avec études de cas
- 109. Évaluation neuropsychologique de l’enfant d’âge préscolaire
- 115. Dépistage des troubles neurodéveloppementaux chez les enfants d’âge préscolaire
- 117. Comprendre le fonctionnement cognitif et ses dysfonctionnements ou troubles neurodéveloppementaux (TND) pour mieux intervenir.